- U.D.R.
- U.D.R.U.D.R. (Union des démocrates pour la République)Malgré l’opposition manifestée par le général de Gaulle, revenu au pouvoir en 1958, à ce qu’un parti se réclame de son nom, le courant politique gaulliste, dispersé depuis la dissolution en 1953 du R.P.F. (Rassemblement du peuple français), se regroupe le 1er octobre 1958 au sein de l’U.N.R. (Union pour la nouvelle République). Le nouveau parti réunit, notamment, le Centre national des républicains sociaux, créé en 1954 et animé par Jacques Chaban-Delmas et par Roger Frey; l’Union pour le renouveau français (la nouvelle dénomination de l’U.S.R.A.F., Union pour le salut et le renouveau de l’Algérie française — fondée en février 1955) de Jacques Soustelle; la Convention républicaine fondée en juillet 1958 par Léon Delbecque. La présence de nombreux partisans de l’Algérie française dans la nouvelle formation gaulliste amène les gaullistes de gauche et les partisans de l’autodétermination algérienne à refuser d’y entrer et à se regrouper au sein du Centre de la réforme républicaine qui deviendra l’U.D.T. (Union démocrate du travail).La volonté de faire de l’U.N.R. un parti de masse, comme l’était le R.P.F., bien organisé, avec une direction représentative, est mise en échec par l’opposition du général de Gaulle à ce projet. L’U.N.R. puis l’U.D.R. auront donc un recrutement limité: suivant la formule de Jean Charlot, ce sera un «parti d’électeurs», destiné à apporter au nouveau régime non pas une large base populaire, mais un soutien parlementaire et des cadres gouvernementaux. De 1959 à 1963, le nombre de ses adhérents passe néanmoins de 20 000 à 86 000; mais il se stabilise ensuite jusqu’en 1968 et ne dépassera jamais beaucoup la centaine de milliers.Lors des élections de novembre 1958, l’U.N.R. obtient 19,5 p. 100 des suffrages exprimés. Jusqu’en 1962, elle n’est qu’un des éléments de la coalition gouvernementale, prépondérant, puisqu’un de ses représentants, Michel Debré, exerce les fonctions de Premier ministre, mais nullement hégémonique. Elle est, de plus, traversée par des dissensions causées par la politique algérienne du général de Gaulle: en octobre 1959, Léon Delbecque et huit autres députés hostiles à cette politique en démissionnent; en avril 1960, Jacques Soustelle est exclu de l’U.N.R. après l’avoir été du gouvernement. La situation change en 1962: le nouveau régime perd le soutien des partis traditionnels et l’U.N.R. est seule à défendre le «oui» au référendum sur le mode d’élection du président de la République. En novembre, aux élections législatives qui suivent la dissolution de l’Assemblée, elle obtient 32 p. 100 des suffrages; elle constitue la majorité parlementaire avec l’appoint des trente-six indépendants maintenant leur soutien au général de Gaulle, et de l’U.D.T., à laquelle elle s’associe l’année suivante. L’U.N.R. devient alors le parti dominant de la Ve République: si elle est encore loin de faire le plein des voix personnellement acquises au général de Gaulle, elle s’en rapproche, et le système électoral lui permet d’assurer au gaullisme la prépondérance, non plus seulement référendaire ou présidentielle, mais aussi parlementaire.Aux élections législatives de 1967, l’existence de la F.G.D.S., coalition de la gauche non communiste, et les accords passés entre celle-ci et le P.C.F. réduisent la majorité, en terme de sièges. L’U.N.R. n’en accroît pas moins son influence, avec plus de 35 p. 100 des suffrages; en juin, elle fusionne avec l’U.D.T. et devient l’U.D.-Ve (Union des démocrates pour la Ve République). Elle commence alors le lent processus de sa transformation en un véritable parti: son secrétariat national de cinq membres est remplacé par un secrétaire général unique, élu en principe par le mouvement, mais dont la désignation continue en fait à être effectuée par le chef de l’État et par le Premier ministre. Elle se renouvelle: nombre de ses responsables sont non plus des «gaullistes historiques», mais de nouveaux cadres venus à la politique depuis 1958. La mutation du mouvement gaulliste en un parti de type classique est toutefois freinée, d’abord par son manque d’indépendance vis-à-vis du chef de l’État, caractère que même le départ du général de Gaulle n’effacera pas, ensuite par les difficultés qu’il rencontre pour s’implanter dans la vie politique locale et par conséquent au Sénat: sur ce terrain, ses plus grands progrès proviennent du ralliement de notables traditionnels, et ces limites font de l’U.N.R. un parti un peu privé de racines, puissant lors des consultations nationales mais insuffisamment implanté dans le tissu social.Les événements de mai-juin 1968, et les élections qui leur font suite, apportent à l’U.D.R. (Union des démocrates pour la République) la majorité absolue des sièges à l’Assemblée, avec 43,6 p. 100 des voix. Mais l’échec du référendum d’avril 1969, le départ du général de Gaulle et l’arrivée au pouvoir de Georges Pompidou suscitent quelque inquiétude dans l’U.D.R. Un certain nombre de figures historiques du gaullisme, comme Jean-Marcel Jeanneney ou Christian Fouchet, quittent le mouvement. D’autres se regroupent dans l’association Présence et action du gaullisme, afin de préserver, à l’intérieur de l’U.D.R., la doctrine gaulliste. Le projet de «nouvelle société», le libéralisme et la politique sociale de Jacques Chaban-Delmas, Premier ministre de 1969 à 1972, suscitent les critiques de nombreux députés et cadres du parti. Une tendance à l’«émancipation» se développe alors au sein de l’U.D.R., la volonté de devenir un parti autonome, soutenant le gouvernement mais s’en différenciant: si le projet de création d’une «présidence» du mouvement échoue, la base gaulliste n’en obtient pas moins de désigner librement son secrétaire général, procédure qui amène l’élection d’Alexandre Sanguinetti à cette fonction.Aux élections législatives de mars 1973, l’U.D.R. retrouve ses résultats de 1967 et perd ainsi sa position hégémonique au Parlement. Cet insuccès renforce les inquiétudes sur l’avenir du mouvement, inquiétudes justifiées puisque, un an plus tard, Jacques Chaban-Delmas, candidat sorti des rangs de l’U.D.R., est écarté de la compétition au premier tour, avec moins de 16 p. 100 des suffrages. Cet échec pose le problème de la survie du parti gaulliste. Dans l’immédiat, celui-ci n’en reste pas moins le plus important de la coalition gouvernementale et Jacques Chirac, Premier ministre du premier gouvernement de Valéry Giscard d’Estaing, est l’un des siens. En prenant sa tête dès ce moment-là pour créer, deux ans plus tard, le R.P.R., Jacques Chirac ne tardera pas à donner au mouvement gaulliste un rôle et des ambitions.
Encyclopédie Universelle. 2012.